Ceux qui chassent les démons des chrétiens renient, par leur pratique et généralement sans le vouloir, la notion biblique de la « nouvelle naissance ». Il leur est, par exemple, difficile de croire qu’après une repentance sincère et une rupture définitive avec l’ancienne vie, le chrétien soit devenu une toute nouvelle créature et que les péchés dont il est purifié englobent aussi ses péchés occultes. La Bible, en effet, ne fait pas de différence entre les péchés occultes et les autres (Ep 1 : 7 ; Ga 5 : 19 à 21). Pourtant les Ecritures affirment catégoriquement : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5 : 17).
Un chrétien réellement né de nouveau, selon la Parole de Dieu, est une personne dont l’esprit a été régénéré par le Saint-Esprit qui est venu habiter en elle au moment de sa conversion à Jésus-Christ. Son corps est devenu le temple du Saint-Esprit. En écrivant aux Corinthiens, l’apôtre Paul les invite à considérer toute la portée de leur nouvelle naissance : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu » (1 Co 6 : 19 et 20).
Les Corinthiens étaient loin d’être des chrétiens adultes. Ils étaient restés charnels, des bébés en Christ. Il y avait, au milieu d’eux, des disputes et de la jalousie (1 Co 3 : 3), des divisions et des désordres mais à aucun moment l’apôtre Paul ne fait allusion à des liens ou à une manipulation satanique. Il n’attribue nullement leurs péchés à une origine ou une domination démoniaque. Il n’a pas du tout réglé le problème en chassant des démons de leur vie.
La jalousie, l’orgueil, la convoitise, etc. étaient des péchés résultant de la chair et non des démons. Il n’est dit en aucune manière que les chrétiens de Corinthe étaient habités par des démons qu’on a dû chasser. Par contre, il leur était constamment et solennellement rappelé que le Saint-Esprit habitait maintenant en eux et qu’ils pouvaient l’attrister par leurs péchés. Il leur a été souvent répété qu’un peu de levain fait lever toute la pâte et qu’il faut faire disparaître ce vieux levain qu’est le péché. Il s’agit maintenant de glorifier Dieu dans leur corps et leur esprit qui appartiennent à Dieu (1 Co 5 : 7 ; 6 : 19 et 20).
En fait, la croix a radicalement changé la position du chrétien par rapport au diable : en discutant avec ceux qui chassent les démons des chrétiens, nous constatons qu’ils sont incapables d’étayer leur ministère sur la base des événements du Nouveau Testament postérieurs à la Pentecôte.
Ils fondent en grande partie leur doctrine sur les Evangiles et ignorent totalement le livre des Actes des Apôtres et les Epîtres. Par exemple, ils attribuent à tort aux chrétiens les expériences d’exorcisme des Evangiles, alors qu’elles étaient opérées sur des inconvertis. C’est en cela qu’ils font une confusion. Si les chrétiens veulent savoir comment se comporter dans ce domaine, ils doivent se référer à ce qui s’est passé après la mort et la résurrection de Jésus car c’est par sa mort que Jésus a anéanti (écrasé, réduit à néant, paralysé) celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable (Hb 2 : 14). C’est donc à partir de la croix que la relation du chrétien avec le diable a radicalement changé. Il n’est plus sous son autorité, il est réellement libre.
Satan a peut-être pensé que la croix était sa victoire car tout semblait le prouver. Mais la résurrection de Jésus a montré le contraire. En fait, après cet événement, il ne pouvait plus tenter Jésus ni même lui parler. Après la résurrection, Jésus n’avait plus rien à faire avec lui. Satan savait désormais qu’il était un ennemi vaincu.
Nous savons que le livre des Actes des Apôtres est le livre par excellence de l’histoire du Saint-Esprit dans l’Eglise naissante. Il nous faut considérer la situation de l’Eglise du Seigneur à partir du moment où le sacrifice de la croix a été accompli, la résurrection devenue une réalité vivante et le Saint-Esprit donné aux chrétiens.
Combien de fois voyons-nous les apôtres chasser des démons de chrétiens ? Pas une seule fois ! Si ce ministère était si essentiel, comme le prétendent certains prédicateurs de nos jours, pourquoi n’en parle-t-on pas dans les Actes des Apôtres et les Epîtres ? De plus, nous remarquons un fait frappant concernant l’attitude des apôtres à l’égard des démons, dans la vie des inconvertis. Ils ne prenaient jamais l’initiative de les chasser. Ils n’allaient pas à leur recherche. C’était seulement quand les démons se manifestaient eux-mêmes qu’ils les confrontaient et les chassaient et cela ne se faisait pas toujours immédiatement. Leur interférence était pour eux plutôt une source de dérangement (Ac 16 : 18).
Dans la première Eglise, chasser des démons des inconvertis était une réalité mais certainement pas la préoccupation majeure des apôtres. Dans les Ecritures, il existe un bon principe spirituel : lorsqu’un sujet y est sommairement évoqué, accordons-lui plutôt une petite place dans le ministère ; et quand une vérité est maintes fois énoncée, elle mérite toute notre attention.