Le danger de la foi en sa propre foi

Voilà une fausse conception de la foi qui nous vient (également) de Kenneth Hagin : « Avez-vous jamais pensé, dit-il, à la possibilité d’avoir foi en votre propre foi ? Manifestement, Dieu a foi dans sa propre foi, puisqu’il pro­nonce des paroles de foi et qu’elles s’accomplissent… En d’autres termes, avoir foi dans vos paroles, c’est avoir foi en votre foi. C’est ce que vous devez apprendre pour obtenir ce que vous demandez à Dieu. Ayez donc foi en votre foi ».[1] Quelle confusion !

 

Dan McConnell nous rend attentif qu’un dieu qui dit « avoir foi en sa propre foi » n’est pas le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Un tel dieu n’est pas dieu du tout, mais une « force impersonnelle » qui ressemble à celui que nous présentent les sectes métaphysiques[2]. Cette force serait à la disposition de tous ceux qui connaissent et pratiquent « ses formules et ses lois ». Ce sont précisé­ment ces formules et ces lois qu’ils nomment « la foi », mais en réalité, elles ne sont rien d’autres que des formules de sectes métaphysiques recyclées.[3]

 

Quand E.W. Kenyon parle « des grandes lois spirituelles qui gouvernent les forces invisibles de la vie », en fait il épouse des concepts métaphysiques qui affirment que l’univers est gouverné par des lois spirituelles et non par Dieu. « La théologie de la foi » enseigne en principe un Dieu personnel. Mais en pra­tique, le dieu de leur théologie diffère peu de celui des sectes métaphysiques.[4]

 

Dans ces milieux, la déclaration la plus populaire en ce qui concerne la natu­re de la foi est la suivante: « Ce que je confesse, je le possède ».[5] Bien qu’attri­buée à Hagin, cette parole provient de Kenyon qui a aussi déclaré : « Une loi spirituelle que peu d’entre nous connaissent est que notre confession nous gou­verne ».[6]

 

Selon eux, une confession verbale positive deviendrait donc le détonateur qui mettrait en action « les lois spirituelles » qui gouvernent l’univers.

 

« La théologie de la foi » plaide en faveur d’un autre dieu que celui de la Bible. Cette foi se distingue de la vraie foi biblique par son concept d’un univers gou­verné par des lois spirituelles et non par Dieu. Elle détruit soit la souveraineté de Dieu, soit sa personnalité.[7]

 

Dieu est-il souverain ou sujet ? Lorsque ce mouvement enseigne que Dieu doit obéir aux lois spirituelles qu’ils ont établies et qu’il ne peut faire autrement, il détruisent sa souveraineté. La Bible enseigne clairement l’absolue souveraineté de la volonté de Dieu. « Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115 : 3). Aucun homme ne peut forcer la main de Dieu avec des formules et il n’existe aucune loi spirituelle en dehors de Sa volonté (Dn 4 : 34-35). Dans l’univers, Dieu « opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté » (Ep 1:11) et non d’après des « formules » exprimées par la volonté d’un homme.[8]

 

Dieu est-il une personne ou une formule ? Si d’un côté, les docteurs de la foi acceptent la souveraineté de Dieu, ils croient que sa pensée et sa volonté ne se distinguent pas des lois spirituelles. Ils détruisent ainsi la personnalité de Dieu et nient les attributs qui font de lui une personne. Ce que ces hommes n’arrivent pas à discerner, c’est que Dieu puisse avoir une volonté séparée de leurs préten­dues lois spirituelles qui gouvernent l’univers.

 

Cette théologie de la foi donc est centrée sur l’homme. Elle est basée sur une mauvaise traduction de Marc 11:22: « Ayez foi en Dieu ». Ils traduisent: « Ayez la foi de Dieu », ce qui est totalement faux selon les spécialistes et les commen­tateurs du texte grec. Jésus ne conférait pas une sorte de divinité aux hommes qui avaient la foi, il était en train d’exhorter des hommes à mettre leur foi en Dieu, c’est-à-dire en sa personne, son caractère et son oeuvre rédemptrice. Par contre, par leur attitude, les leaders de ce mouvement réduisent la foi en une dangereuse formule abstraite qui devient ainsi une hérésie. La Bible enseigne que Dieu est à la fois le sujet et l’objet de notre foi, notre source et notre but. Un homme dont « la foi est en sa propre foi » est un homme dont la foi n’est qu’en lui-même et non en Dieu. La foi biblique est toujours théocentriste (centrée sur Dieu) et non sur l’homme.

 

Les disciples de la « confession positive » font souvent des déclarations pré­sentant l’homme comme « souverain » et Dieu comme « serviteur ». Une telle atti­tude place Dieu au service de l’homme et non l’homme au service de Dieu comme la Bible l’enseigne. Avec une telle conception de la foi, on passe forcé­ment très peu de temps à rechercher la communion avec le Seigneur et à décou­vrir sa volonté dans les Ecritures. Dans ces milieux, on entend très peu d’ex­hortations allant dans ce sens-là. Dans leur relation avec Dieu, ils donnent la priorité à leurs désirs et considèrent cela comme un signe d’autorité. Quelle illu­sion !

 

N’oublions pas que cette autorité du chrétien n’existe que lorsque ses désirs sont en harmonie avec la volonté souveraine de Dieu. L’exhortation de l’apôtre Paul est toujours actuelle: « C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur » (Ep 5:17). Quand le disciple reconnaît la souveraineté de Christ dans sa vie, il ne cherche plus à lui « donner des ordres », ni à utiliser égoïstement sa puissance. Il cherche plutôt à obéir, et n’aura qu’un seul désir, s’abandonner entre les mains de son Maître pour devenir un instrument docile à son service.

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Notes

[1] K. Copeland, Believers’ Voice of Victory (traduction en français : La Voix des croyants de la Victoire ), Sept. 91, p. 3-4, 8

[2] Description que l’on retrouve dans toutes les « philosophies » orientales et New Age.

[3] E.W. Kenyon, What Happened (traduction en français : Ce qui arriva), p. 64 ; K. Hagin, Word of Faith (traduction en français : Le Mot de la Foi), April 1982, p. 2

[4] Charles Capps, Authority in Three Words (L’Autorité en Trois Mots), 1982, p. 212-213

[5] Dan McConnell, A Different Gospel (traduction en français : Un Evangile Différent), p. 127

[6] E.W. Kenyon, Hidden Man (traduction en français : L’Homme Caché), p. 47

[7] K. Hagin, How Jesus Obtained His Name (traduction en français : Comment Jésus Obtint son Nom), tape (cassette) 44 H 01

[8] K. Hagin,, The Name of Jesus (traduction en français : Le Nom de Jésus), p. 31