L’erreur de la confession auriculaire et ses risques

Dès que l’on emploie le mot « confession » ou « confesser », l’on pense à « la confession catholique » aussi appelée « confession auriculaire ». Sur quel(s) fondement(s) la confession auriculaire est-elle basée ?

 

Dans toute la Parole de Dieu la confession est publique :

 

  • En Israël, au jeûne du Kippour[1], la confession était publique. Ce jour-là, tous les israélites se rassemblaient et confessaient leurs péchés pendant un quart de la journée (Ne 9 :1 à 3).

 

  • Les premiers disciples ont institué la confession publique (Jc 5 : 16).

 

C’est en 1215, au 4ème concile catholique du Latran[2], que la confession publique est remplacée par la confession auriculaire, c’est à dire à l’oreille de l’ecclésiastique. La confession publique de mise dans l’Eglise apostolique (Jc 5 : 16) est abolie vers la fin du 3ème siècle sans toutefois être remplacée par la confession auriculaire instituée par Benoît de Nursie[3], confession qui n’accordait pas le pouvoir de la rémission des péchés. C’est en 758 que la confession auriculaire est introduite en Occident par les ordres religieux d’Orient en remplacement de la confession publique. C’est en 1215 que la confession auriculaire est imposée et rendue obligatoire puis, deux ans plus tard au concile de Trente, elle devient un dogme absolu[4].

 

Nous remarquons la date tardive de la « création » de la confession individuelle et secrète à un autre homme.

 

D’après les termes bibliques grecs, homologeo et exomologeo, traduits par confession (ou profession), il est clair que la confession des péchés et la prise de décision de suivre Jésus-Christ se font à Dieu seul par Jésus-Christ et la glorification du pardon accordé ainsi que la liberté retrouvée en Dieu se font publiquement.

 

En fait, la confession auriculaire n’est rien d’autre qu’une confidence faite à un autre, fusse-t-il prêtre ou pasteur, pour soulager la conscience…

 

En réalité, quelque chose de profondément malsain sous-tend tout le processus de la confession auriculaire. Il existe de nombreux témoignages anciens et récents qui révèlent qu’une grande majorité de confesseurs se laissent peu à peu emporter dans le vice.

 

Le premier des vices est la curiosité malsaine : connaître et savoir le plus de choses possibles de la vie des autres, en particulier de la vie intime, afin d’exercer un pouvoir, une autorité. Plutarque définit la curiosité comme un « désir de connaître les défauts des autres, une maladie qui ne semble être exempte ni de jalousie ni de malignité »[5]. Cette curiosité est aussi étroitement liée à l’orgueil, ce sentiment de supériorité. Au sujet de cette curiosité, Jésus a dit « Pourquoi vois–tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois–tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Lc 6 : 41 et suivants)

 

Le deuxième vice est la dépravation. Nombres d’aumôniers ont avoué à quel point les confessions qu’ils écoutaient les excitaient et les dépravaient sexuellement. Pour certains d’entre eux, les questions obscènes ne leur suffisaient même plus, ils y ajoutaient des gestes ou même encore des attouchements. Certains ont même été jusqu’à user de la « position avantageuse » que leur procuraient les confessions réalisées[6].

 

Il s’avère que la confession auriculaire aboutit à des résultats complètement opposés à ceux auxquels elle est censée tendre :

 

  • le confessant, même s’il soulage momentanément sa conscience dans une confidence honnête, ne trouve pas la paix. Seul Jésus-Christ, le Fils de Dieu, peut donner la paix dans le pardon des péchés ;

 

  • le confesseur ne peut rien faire pour le confessant[7] et, de plus, il est lui-même soumis à des tentations malsaines.

 

  • Le confessant se retrouve dans une position de dominé : il se place sous l’autorité du confesseur plutôt que de se placer ou de demeurer sous l’autorité de son Seigneur. Or « c’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurons donc fermes, et ne nous laissons pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. » (Ga 5 : 1)

 

Certains fardeaux, et en particulier ceux qu’imposent le remord sont parfois lourds à porter seul… Il peut être alors nécessaire de partager ce fardeau avec une personne[8] ancrée dans la Parole de Dieu. Elle ne sera jamais un confesseur mais un frère ou une sœur partageant le fardeau dans la prière et qui aura la sagesse et la discrétion de partager ce fardeau uniquement durant le temps nécessaire à une reconstruction en Christ…


Notes :

[1] Yom Kippour (Jour de l’Expiation en hébreu) est le nom officiel de la célébration juive également connue comme le Jour du Grand Pardon. Ce jour solennel a lieu le dixième jour du mois de Tishri dans le calendrier hébreu. Il est établi d’après le texte biblique de Lv 23 : 27 : « Le dixième jour de ce septième mois, ce sera le jour des expiations : vous aurez une sainte convocation, vous humilierez vos âmes et vous offrirez à l’Eternel des sacrifices consumés par le feu. »

[2] Le quatrième concile œcuménique du Latran (souvent surnommé Latran IV) est le douzième concile œcuménique de l’Église catholique. Il est tenu à Latran en 1215 sur l’initiative du pape Innocent III et réunit environ 800 abbés et 400 évêques dans la basilique romaine dont les papes du Moyen Âge ont fait leur principale résidence. C’est durant ce concile que plusieurs éléments doctrinaux catholiques sont institués : le concept de la transsubstantiation (Le terme transsubstantiation, apparu en 1140, indique le changement de substance du pain et du vin [dans l’église catholique il est impératif que ce soit du vin] de la Sainte Cène en chair et sang véritables de Jésus Christ), l’ordre des curés (nom dérivé du latin «cura animarum », soin des âmes), la confession auriculaire obligatoire au moins une fois par an à Pâques, l’obligation de communier au moins une fois par an à Pâques, la publication des bans à l’occasion des mariages, la nécessité pour les juifs et les musulmans de porter un insigne distinctif…

[3] Benoît de Nursie, ou saint Benoît pour les catholiques et les orthodoxes (vers 480 ou 490 – 547), est le fondateur de l’ordre bénédictin et, plus largement, du monachisme occidental (état et mode de vie de personnes qui ont prononcé des vœux de religion et font partie d’un ordre dont les membres vivent sous une règle commune séparés du monde). Il est considéré par les catholiques et les orthodoxes comme le patriarche des moines d’Occident.

[4] C’est à partir de ce concile que le pouvoir de rémission des péchés est accordé à la confession auriculaire, contrairement à ce qu’affirme Jésus : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14 : 6)

[5] Victor Bétolaud, Œuvres complètes de Plutarque – Œuvres morales, t. I , Paris, Hachette, 1870.

[6] Il existe un grand nombre de confessions de prêtres qui, ne se satisfaisant plus des descriptions orales, demandaient des mimes, voire des attouchements… Un ancien prêtre québécois, Charles Chiniquy (1809 – 1899), devenu pasteur presbytérien après 20 ans de prêtrise, a écrit plusieurs ouvrages relatant des confessions de prêtres et exprimant son dégoût de la confession, mettant en garde contre ses dérives quasi-systématiques. (C’est alors qu’il était attaqué en justice par les représentants de l’église catholique, qu’il connut Abraham Lincoln, alors avocat, et qu’une solide amitié naquit entre les deux hommes qui se rencontrèrent souvent. Des révélations que fit le prêtre au sujet de conversations qu’il eut avec Lincoln, d’aucuns défendent l’idée que ce Président des Etats-Unis fut assassiné à la suite d’un complot jésuite).

[7] Nul homme n’a le pouvoir de pardonner les péchés si ce n’est le Fils de l’homme, Jésus. (Mc 2 : 7 à 11)

[8] Il est sage que ce confident soit une personne du même sexe ou un couple.

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