Le concept biblique de « confession » dépasse l’enseignement restrictif que l’on donne concernant la confession des péchés. Pourtant des chrétiens ont utilisé le mot biblique de confession pour lui prêter une signification qui est étrangère à la fois à l’enseignement et à l’usage qu’en fait la Parole de Dieu.
Le mot « confesser » et ses dérivés sont la traduction de deux mots dans le Nouveau Testament : homologeo et
exomologeo. Le premier signifie « dire la même chose qu’un autre, c’est à dire être en accord, consentir, dire ouvertement, reconnaître » et le second provient de la construction du premier avec la préposition dénotant de l’origine de l’idée ou de l’action
ex[1], donnant un sens différent correspondant au mot français « professer » mais il signifie aussi « glorifier, célébrer, donner des louanges, accepter, s’engager ». En fait ces deux mots sont complémentaires :
homologeo se rapproche du mot français « confession » qui porte la notion de rapprochement, de ralliement à un groupe de personnes, d’échange avec plusieurs (Etymologiquement, la confession de foi est une proclamation d’appartenance à un groupe) et
exomologeo de « profession » qui est une déclaration individuelle ouverte et publique d’une croyance et/ou d’une foi (Etymologiquement, la profession de foi correspond à une clameur de ce que la personne croit individuellement).
1 Nous devons professer ( exomologeo) nos péchés.
C’est dans ce sens que le mot confession est le plus souvent compris. Les disciples de Jean-Baptiste étaient baptisés dans le Jourdain « en professant[2] leurs péchés » (Marc 1 : 5). A Éphèse, les croyants professèrent ( exomologeomai) ouvertement leurs mauvaises actions (Actes 19 : 18). Toutefois, cette profession personnelle doit se faire en accord avec la Parole de Dieu, c’est à dire dans la conscience d’intégrer l’Eglise, corps de Christ car dans le texte « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jn 1 : 9), c’est
homologeo qui est employé. Or
homologeo, composé de
homou (ensemble avec, en même temps) et de
logos[3], insiste sur le fait de s’accorder avec Christ, la parole faite chair (Jn 1 : 14) et son corps, l’Eglise (1 Co 12 : 27).
2 Nous devons confesser, reconnaître ( homologeo) Jésus-Christ et l’Évangile de Jésus-Christ.
Paul écrit : « …ils glorifient Dieu de votre obéissance dans la confession[4] de l’Evangile de Christ… » (2 Co 9 : 13). Paul utilise le mot dans le même sens lorsqu’il écrit à Timothée au sujet de sa « belle confession ( homologia) devant un grand nombre de témoins » (1 Ti 6 : 12). C’est cette confession du nom de Jésus qui concrétise le salut : « Si tu confesses (
homologeo) le Seigneur Jésus et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » (Rm 10 : 9). L’auteur de l’épître aux Hébreux indique tantôt « la foi que nous confessons (
homologia) » (Hb 4 : 14), tantôt « l’espérance que nous professons (
homologia) » (Hb 10 : 23), mais dans tous les cas, il est fait clairement référence à Jésus-Christ et à la relation avec Dieu qui nous est offerte par le moyen de l’Évangile.
3 Nous devons professer, proclamer ( exomologeo) notre décision personnelle de suivre Jésus-Christ en « rendant gloire à Dieu ».
La version des Septante utilise fréquemment le mot grec exomologeo (professer) pour traduire le mot hébreu
yadah qui signifie louange ou honneur comme Paul le fait lorsqu’il cite 2 Sm 22 : 50 et Ps 18 : 49 en écrivant « …les païens glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pourquoi je te louerai (
exomologeo) parmi les nations, Et je chanterai à la gloire de ton nom. » (Rm 15 : 9) Le même mot est utilisé dans le sens de louer ou remercier dans Matthieu 11 : 25 et Luc 10 : 21 lorsque Jésus rend gloire à son Père.
Hébreux 13 : 15 fait écho à cette idée de louange mais collective, à l’unisson du corps de Christ : « C’est pourquoi, par Jésus, offrons continuellement à Dieu un sacrifice de louanges, le fruit de lèvres qui confessent ( homologeo) Son nom ». La véritable adoration spirituelle ne peut être offerte à Dieu sans cette profession publique, libre et personnelle du nom de Jésus-Christ avec ceux qui le vivent aussi.
4 Nous devons confesser, reconnaître ( homologeo) nos limites.
Dans Hb 11 : 13, les gens de foi saluèrent de loin les choses promises. Ils les virent mais ne les reçurent pas : « C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises ; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant ( homologeo) qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. » Ainsi au seuil du pays promis, les patriarches reconnaissaient devant la mort qu’ils étaient étrangers sur la terre, comme tous les autres hommes, mais qu’ils savaient être dans le dessein de Dieu pour l’accomplissement de ses promesses.
Comme l’impliquent les mots grecs homologeo et
exomologeo, la confession des péchés revient à exprimer notre accord avec Dieu au sujet de notre péché : nous sommes privés à cause de lui de la communion et communication avec notre Créateur, et notre intégration dans le corps de Christ, l’Eglise. Jacques résume parfaitement ceci lorqu’il écrit « Professez[5] (
exomologeomai) vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres pour que vous soyez guéris » (Jc 5 : 16). Il établit une relation entre la profession personnelle des péchés pour en demander le pardon, la louange issue de la reconnaissance de notre cœur d’avoir été pardonné et donc purifié, la communion avec les frères et sœurs qui vivent la même grâce et l’exaucement de la prière pour la guérison personnelle et communautaire.
Notes :
[1] Ce mot se prononce parfois « ek ».
[2] Le texte de plusieurs traductions comporte le mot «confession » alors qu’il s’agit du verbe grec exomologeo.
[3] Dans Jean, le mot dénote la Parole essentielle de Dieu, Jésus-Christ, la sagesse et le pouvoir en union avec Dieu, son ministre dans la création et le gouvernement de l’univers, la cause de toute vie sur terre, physique et morale; Jésus qui est venu dans une nature humaine pour procurer le salut à l’humanité, le Messie, la seconde personne de la trinité, qui brille éminemment par ses paroles et ses actions. Un philosophe Grec Héraclite, a le premier utilisé le terme Logos vers 600 av. J.C pour désigner la raison divine ou le plan qui coordonne l’univers ; lire Col 1 : 16.
[4] Le texte de plusieurs traductions comporte le mot « profession » alors qu’il s’agit du verbe grec homologia.
[5] Les traductions utilisent le mot « confessez ».