Le Coran et Muhammad

Tournons notre attention vers le livre sacré de l’islam: le Coran. Pour les musulmans il est bien plus qu’une collection d’idées, d’histoires, et de croyances religieuses : c’est la véritable parole d’Allah envoyée à Muhammad. Le musulman pieux croit que le simple fait de réciter des paroles du Coran dans la langue arabe originelle apporte la bénédiction et le met en contact avec le divin.

Les musulmans considèrent le Coran comme étant la suprême et finale révélation de Dieu aux humains. Ils croient qu’il a été envoyé par Dieu, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel[1] à Muhammad. Ils maintiennent qu’il est entièrement d’origine divine et qu’il n y a rien d’humain en lui. Selon leur enseignement, l’ange a révélé chaque mot, chaque lettre à Muhammad. Certains disent que même l’encre et le papier qui servent à imprimer le Coran deviennent divins, car ils sont utilisés pour exprimer les paroles de Dieu. Certains musulmans affirment que le Coran n’a pas été créé mais est éternel. Ils déclarent que sa forme originelle était préexistante en tant qu’entité avant la création du monde, présent dans le passé depuis toujours avant même qu’il n’ait été révélé à Muhammad. L’original divin, appelé « Mère du Livre » est écrit sur des tablettes en or qui sont conservées au ciel.

D’autres vont même jusqu’à dire que le Coran est « l’alpha et l’oméga », le début et la fin de toute connaissance. Cette connaissance, disent-ils, est contenue en essence dans le Coran. C’est potentiellement comme une graine. Le mystère de Dieu, l’ordre du monde, les principes de vie, etc., se trouvent tous dans le Coran. C’est la « Mère de tous les livres », un terme qui signifie que tout doit être compris, expliqué, et évalué à la lumière du Coran.

La façon dont l’islam considère le Coran a des implications d’une grand portée. Par exemple, si le Coran est éternel et non créé, alors il doit être Dieu. Mais les musulmans proclament l’unité absolue de Dieu sans multiplicité de personnes. Cependant ils disent que le Coran, la parole de Dieu n’a pas été créé et que c’est un attribut nécessaire de Dieu. Le Coran n’est pas Dieu, mais il est inséparable de Lui. Il est fixé dans l’essence de Dieu. Qu’est-ce que cela signifie sinon une « bi-unité » à l’instar de la « tri-unité » chrétienne ?

Il semble que l’orthodoxie islamique revendique ici pour le Coran ce que la chrétienté biblique croit au sujet du Logos (« la Parole ») (Jean 1 :1-14). Certains ont suggéré que l’Eglise grecque en Méditerranée orientale et Jean de Damas en particulier jouèrent peut-être un rôle dans la formation de la pensée islamique primitive. En résumé, la « Mère du Livre » céleste dans la pensée islamique a acquis les attributs bibliques de la Parole de Dieu. Ainsi son contenu, sa signification et sa forme sont supposés être d’inspiration divine. L’initiative de son octroi était entièrement entre les mains de Dieu. L’arabe est la langue du Coran, parce que c’est la langue qu’on parle au Paradis. Ce fait est une partie intégrante du concept d’inspiration islamique. Cela signifie que chaque mot est divin. Même les formes des mots et des lettres comme leur signification viennent de Dieu. De plus, en récitant le Coran, le musulman reçoit une puissance. Ainsi, même les sons et les articulations qui sont émis permettent au lecteur et à l’auditeur de pénétrer le contenu et d’être béni par le Livre de Dieu. Il est donc important que les gens mémorisent les versets coraniques, qu’ils les comprennent ou non. Dans la pensée islamique, ce que le Coran dit a une identité inséparable d’avec la façon dont on le dit. Le Coran terrestre dans la langue arabe est le point où la divinité rencontre l’humanité. Donc, lorsque les musulmans récitent le Coran, ils le font toujours en arabe, et non en traduction, même lorsque leur propre langue n’est pas l’arabe.

Selon I’enseignement islamique, le véhicule du message divin du Coran était l’âme « pure » du prophète Muhammad. Parce que son âme était pure, la parole de Dieu était transmise sans aucune interférence ou interprétation humaine; il la recevait d’une façon passive et mécanique. Si l’un de ses sentiments ou l’une de ses opinions avait dû entrer dans le processus, le message aurait été entaché. Mais cela ne fut pas le cas. Donc le Coran n’est pas souillé par l’homme. Cependant Muhammad était présent lorsque il a été donné. Quelle était la nature de sa participation?

La tradition islamique dit que le Coran est le recueil des affirmations que Muhammad entendait, étant en état de transe. Le prophète éprouva des expériences traumatisantes en recevant les différentes parties de la révélation coranique. Il était pris d’attaques et de douleurs, ou bien il entendait des bruits tels que le tintement de cloches, perdait connaissance et transpirait à profusion. Après s’être remis de ces symptômes physiques, il faisait une déclaration qui devenait une partie du Coran.

Il y a eu de nombreuses tentatives pour interpréter et expliquer les symptômes de la révélation de Muhammad. Abdul-Mun’em Maged, auteur de L’Histoire politique de I’État arabe, dit ceci: « Parfois l’inspiration venait à Muhammad alors qu’il dormait. Et parfois lui-même annulait quelques versets qu’il avait déjà dictés à ses scribes et revenait avec d’autres pour les remplacer ». Abdur-rahman-Ash-sharquawi dit dans Muhammad, le messager de la liberté: « La prophétie et l’inspiration acquises par Muhammad ne furent rien d’autre que l’imagination perçue par son esprit. Le Coran n’était rien de plus que ses propres paroles prononcées par son âme claire et pure. »

Il y a quatre interprétations principales des symptômes qui accompa­gnaient les moments où il recevait le Coran:

1 – Les symptômes étaient produits artificiellement. Muhammad les utilisait pour convaincre les gens de la validité de ses proclamations.

2 – Les symptômes indiquaient une concentration proche de l’état mental de transe.

3 – Il était malade et sujet à des crises d’épilepsie.

4 – Muhammad était possédé.

Beaucoup de musulmans concluent à la lumière des affirmations personnelles de Muhammad, qu’il n’était pas dans un état de conscience normal lorsqu’il était sous inspiration divine et que le Coran est donc pur et non falsifié. En fait, la signification coranique de l’inspiration divine de Muhammad est un acte de possession qui supplantait temporairement les capacités normales de l’agent terrestre. De telles croyances nous amènent à conclure que la doctrine coranique de l’inspiration est verbale et mécanique dans le sens le plus fort. L’agent humain est passif, totalement contrôlé par l’impulsion « divine ».

La tradition musulmane affirme que Muhammad ne savait ni lire, ni écrire, citant comme base de cette affirmation le Coran 7:157; 29 : 48 et 62 : 2. Cela signifie que le miracle du Coran serait grand, en effet. Cependant, quelques érudits musulmans et non-musulmans contestent cette revendication. Les références coraniques qui soutiendraient cela ne disent pas nécessairement que le prophète était incapable de lire ou d’écrire, mais plutôt que ce n’était pas son habitude de le faire; en d’autres mots, il n’était pas érudit.


[1] Gabriel serait en fait ce que les chrétiens appellent le Saint-Esprit pour certains musulmans

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