La Nouvelle-Guinée est une île de l’Océanie proche, à l’ouest de l’océan Pacifique, située au nord de l’Australie. En 1946, le Territoire de Nouvelle-Guinée fut déclaré territoire sous tutelle des Nations unies, administrativement dirigé par l’Australie[1]. La partie orientale devint indépendante en tant que Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1975.
Il existe près de 256 langues répertoriées dans ce pays, dont les plus connues sont :
Abinomn
Amto-Musan Bayono-Awbono Burmeso Busa East Bird’s Head Papou oriental |
Baie de Geelvink
Guahiban Huli Karkar-Yuri Kibir Kwomtari-Baibai Left May |
Bas-Mamberamo
Sepik-Ramu Sko Torricelli Trans-Nouvelle Guinée Papoues occidentales Yale |
Le Yale
La première traduction complète de la Bible en Yale fut célébrée en mai 2000. Il a fallu 29 années de labeur et de prières pour la terminer !
Le Huli
C’est en 2002 que le peuple huli, un autre peuple de Nouvelle Guinée reçut la Bible dans sa langue. Ses membres ne vivent pas dans des villages mais en petits clans éparpillés et divisés par territoires, chacun pratiquant sur sa petite parcelle de terre une agriculture de subsistance. La structure complexe des clans engendre souvent l’animosité entre les Hulis. A l’occasion du lancement de la nouvelle Bible, Stephen Pattemore, conseiller en traduction de l’ABU[2], a qualifié leur société de « profondément déchirée ». Selon lui, cependant, le fait de recevoir dans leur propre langue ce qu’ils considèrent comme la Parole de Dieu peut apporter un changement parmi les Hulis. La traduction – qui a été entièrement réalisée par les Hulis eux-mêmes – « s’intègre dans l’histoire incroyable de la transformation de fermiers guerriers en personnes qui peuvent maintenant se rencontrer dans la paix ». Val Sinclair qui, avec son mari Alan, aujourd’hui décédé, a coordonné le chantier de traduction, est du même avis. Elle raconte que le lancement lui-même a été « tout à fait inhabituel » puisqu’il a réuni 6 000 Hulis pour un moment de joie, d’unité et de paix.
Le Wedau
Voici comment le missionnaire Copland King et son collègue débutèrent dans l’étude du wedau, la langue d’une tribu de la Nouvelle-Guinée :
« Nous arrivâmes en Nouvelle-Guinée en 1891. Les indigènes étaient dans un état de dégradation lamentable. Les actes de cannibalisme étaient fréquents parmi eux. Notre premier travail fut d’apprendre les noms des objets. Et tout d’abord il fallut découvrir l’équivalent de cette question : « Qu’est-ce que ceci ? » De loin en loin nous rencontrions un indigène qui avait eu contact avec des commerçants et qui pouvait nous comprendre un peu, en style petit nègre. En répétant souvent la question : «Quel nom ceci?» nous pûmes établir une liste de mots qui nous permit de commencer les opérations. Mais il fallait bien prendre garde à faire donner le nom exact de chaque objet. Si, par exemple, nous montrions la photographie d’un temple chinois, on pouvait répondre, ou : c’est une photographie, ou : c’est un tableau, ou : c’est un temple. Il fallait donc pour fixer le sens de chaque mot toute une série de questions et de contre-questions
Après les noms, nous attaquâmes les verbes. Pour tout ce que nous pouvions faire, il n’y eut pas grande difficulté. Nous n’avions qu’à nous asseoir, courir, bêcher, etc., et aussitôt on nous donnait le mot correspondant. La difficulté commençait quand il s’agissait d’exprimer des idées. Toutefois, nous arrivâmes promptement à distinguer quelques phrases qui revenaient sans cesse dans la bouche des indigènes, et toujours écoutant, toujours sur le qui-vive, nous finîmes par en saisir le sens. Ainsi, nous acquîmes non seulement des mots, mais des tours de phrase, et tout cela prenait place sur le carnet de notes où nous inscrivions tout. De plus, à force de communiquer avec les indigènes et de nous servir des mots que nous connaissions, nous nous aperçûmes un jour que nous pouvions, en une mesure, nous faire comprendre, ce qui était l’essentiel. La grammaire, pour le moment, était reléguée à l’arrière-plan.
Une fois en possession des premiers éléments, nous nous avisâmes d’un autre moyen. Nous réunissions quelques enfants, et, de notre mieux, nous leur racontions une histoire de la Bible. Naturellement ils n’y comprenaient que fort peu de chose. Nous leur faisions répéter ce qu’ils avaient retenu ou saisi, et nous mettions par écrit ce qu’ils disaient. Le jour suivant, nous leur répétions la même histoire, employant, autant que possible, leurs propres expressions. De nouveau, nous les questionnions pour voir ce qu’ils avaient compris. Dans leurs réponses, ils employaient de nouveaux mots, de nouvelles tournures, que nous notions pour nous en servir. Nous répétions la même histoire, jour après jour, pendant un mois et plus, apprenant continuellement, jusqu’à ce que les enfants nous comprissent tout à fait bien. Quand nous eûmes une école, ce fut un moyen d’apprendre de nouvelles locutions. Et, il faut bien se dire que nous n’avions pas seulement à nous rendre maîtres d’une langue, mais qu’il fallait nous rendre compte de la manière de penser des indigènes, et apprendre à nous placer à leur point de vue ».
Le Bimin
Parfois, il se pose des problèmes importants de traduction… comme pour traduire ce verset : « La pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue la pierre angulaire ». (Lc 20 :17)
Comment traduire ce verset pour un peuple qui n’utilise pas la pierre dans ses constructions. Le peuple bimin en Papouasie-nouvelle Guinée construit ses maisons uniquement avec des arbres. Les parois et les cadres des portes sont faits de rondins. L’intérieur et le sol sont tapissés d’écorces et pour le toit, on utilise des feuilles. En entendant parler de cette pierre angulaire, les Bimins furent perplexes.
Pourquoi une pierre et pourquoi dans un angle ? Ils en vinrent à la conclusion que ce devait être une pierre magique. Après explications et réflexions sur la façon de construire des Bimins et le sens de l’image, la traduction dit maintenant que c’est le pieu que les bâtisseurs avaient rejeté, en le disant trop tendre et trop faible, que le chef de chantier a pris pour en faire le « mili ». Chez les Bimins, le « mili » est la poutre plantée au centre de la maison soutenant le toit et toute la structure de cette dernière.
Notes :
[1] Le premier Européen à découvrir l’île fut Antonio de Abreu, un navigateur portugais, en 1511, et le premier à y accoster fut l’explorateur espagnol Jorge de Menezes en 1526. L’île fut revendiquée par les Espagnols en 1546 qui l’appelèrent Nova Guinea (en latin), car ils pensaient que les indigènes étaient les mêmes que ceux des tribus d’Afrique de l’Ouest. En 1793, la Compagnie des Indes orientales revendiqua l’île au nom du Royaume-Uni. La revendication fut disputée par les Pays-Bas et, en 1828. La partie nord-est, comprenant tous les territoires qui n’étaient pas sous souveraineté anglaise ou hollandaise, fut annexée par l’Allemagne en 1884 sous le nom de Kaiser-Wilhems-Land. Cette même année, le Royaume-Uni prit possession du sud-est, mais en 1906, cette partie fut concédée à l’Australie comme faisant partie de la Papouasie. Les troupes australiennes occupèrent la région allemande en 1914, qui par décision de la Société des Nations devint plus tard un territoire sous mandat australien, et fut renommé le Territoire de Nouvelle-Guinée. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Guinée fut envahie par le Japon et de nombreuses troupes japonaises y demeurèrent jusqu’en septembre 1945. L’intérieur de l’île ne fut vraiment exploré que dans le courant du 20ème siècle, et certaines régions de l’intérieur demeurent peu connues.
[2] Alliance Biblique Universelle : elle a pour objectif de rendre la Bible accessible à tous.