La scène se déroule à La Mecque en Arabie Saoudite. La date, 570 après J.C. L’événement, un garçon est né !
Muhammad est né dans la tribu Qoraïch, de la famille Béni-Hachim. Son grand-père s’appelait Abd-al-Mouttalib, son père Abdallah (décédé avant sa naissance) et sa mère Amina (elle était femme au foyer ou ménagère).
Ce fut un événement très important, parce que la naissance de Muhammad déclencha une succession d’événements qui aboutirent à l’apparition d’une nouvelle religion: l’islam. “Il n’y a aucun Dieu, sinon Allah et Muhammad est l’apôtre d’Allah”, c’est ce que déclare le musulman pieux.
Enfance et jeunesse
Les premières années de la vie de Muhammad furent marquées par la tragédie et le deuil. Quelques mois avant sa naissance, son père mourut. Quand il eut six ans, sa mère mourut aussi et le jeune garçon fut placé sous la tutelle de son grand-père. Deux ans après la mort de sa mère, son grand-père mourut aussi. Abou-Talib, l’un de ses oncles, devint alors responsable de son éducation.
Muhammad était de race sémite. Il appartenait à Qoraïch, l’une des nombreuses tribus arabes de la région. Certains Arabes, comme les Hébreux, sont descendants de Jokthan (Genèse 10 : 26), frère de Péleg. D’autres viennent d’lsmaël, le fils d’Abraham. Certains sont issus d’Abraham par sa femme Ketura (ou Quétoura). D’après la tradition, Muhammad était un homme vigoureux de taille moyenne, au teint légèrement brun, aux yeux noirs, avec une barbe épaisse, des mains et des pieds rugueux et un visage rouge de santé.
La Mecque, lieu de naissance de Muhammad, située sur une route commerciale, était devenue une ville de commerce importante. Les marchands faisaient affaire avec des Perses, des Byzantins, et des Ethiopiens (Abyssiniens). La Mecque était aussi l’un des plus grands centres religieux de la région. Ses habitants étaient très fiers d’avoir la Kaaba dans ses environs, le temple païen le plus prestigieux de l’Arabie pré-islamique.
Jeune homme, Muhammad entra au service de Khadija, une veuve fortunée. Il prit la direction de ses caravanes de commerce, voyageant ainsi à l’extérieur de son pays natal, visitant la Syrie et la Palestine à maintes reprises. Il gagna la réputation d’être un marchand honnête, suscitant ainsi l’admiration de Khadija. Ce succès personnel aboutit finalement à leur mariage.
Mariage et famille
Lorsque Muhammad revint de l’un de ses voyages d’affaires, il se maria avec Khadija. Elle était âgée de quarante ans et avait déjà eu deux maris, tandis que Muhammad avait vingt-cinq ans et n’avait jamais été marié. Leur union s’avéra heureuse. La richesse de Khadija rendit Muhammad prestigieux parmi les siens à La Mecque. Le couple donna naissance à plusieurs enfants, mais seulement quatre filles atteignirent l’âge adulte. Du vivant de Khadija, il n’épousa aucune autre femme.
Après la mort de Khadija, Muhammad se sentit libre de prendre d’autres femmes. Les rapports diffèrent quant au nombre précis de femmes qu’il épousa dans sa vie. Certains disent neuf, d’autres beaucoup plus. Certains de ces mariages étaient d’intérêt politique. Ils lui assuraient l’allégeance d’une famille ou d’une tribu particulière.
Ses femmes étaient censées être voilées en présence d’autres hommes par pudeur (une coutume que pratiquaient les juifs de son époque). Comme on pouvait le prévoir, la jalousie et les chamailleries entraînaient de violentes disputes entre les femmes et c’était à lui d’arbitrer. D’après le Coran (33 37, 38), Dieu lui permit d’épouser sa belle-fille Zaïnab, après que son fils adoptif Zaïd eut divorcé d’elle. Dans le cas d’Aïcha, la fille de son meilleur ami Abou-Bakr, il avait cinquante-trois ans et elle avait à peu près neuf ans quand ils se marièrent. Elle devint sa femme favorite. C’était l’usage à cette époque que les filles soient données en mariage très jeunes, offertes en cadeau ou comme le signe d’une alliance. D’après le Coran, un homme ne doit pas avoir plus de quatre femmes en même temps, cependant Muhammad fut exempté de cette règle et en eut plus que quatre à la fois.
Réactions, visions et activités religieuses
Les coutumes des religions païennes de la tribu de Muhammad semblent l’avoir fait souffrir. Ils adoraient des idoles qu’ils gardaient dans leurs maisons et dans leur temple, la Kaaba. Ils craignaient aussi les arbres, les puits, les vents et les collines, les considérant comme la demeure d’esprits bons ou mauvais. La Kaaba était un haut lieu religieux important. Il abritait de nombreuses idoles destinées à l’adoration de plusieurs dieux dont l’un était Allah, ‘le Dieu”. Les Arabes prétendaient qu’Abraham lui-même avait construit la Kaaba. Chaque année, des tribus arabes venant d’autres parties de la région faisaient un pèlerinage à La Mecque. Ils faisaient le tour de la Kaaba en marche rituelle.
Muhammad et quelques autres détestaient la religion idolâtre de leur communauté. Il se sentait attiré par la méditation solitaire et se rendait régulièrement dans une grotte pour être à l’écart du monde. A l’une de ces occasions, il vécut la première de ses expériences intenses et effrayantes. Tout son être trembla. Il eut peur et entra en transe. Puis il crut entendre une voix lui commander :
Lis, au nom de ton Dieu qui a créé.
Créé l’homme à partir d’un caillot de sang.
Lis, et ton Dieu est le plus généreux.
Celui qui a enseigné par la plume,
Enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas.
(Coran 96:1-5)
A la suite de cela, Muhammad plongea dans une détresse et un état dépressif extrêmes. Il consulta avec sa femme Khadija, le cousin de celle-ci et d’autres amis, cherchant de l’aide. Aucune autre révélation ne lui fut faite pendant deux ans. Puis soudain, alors qu’il traversait une période de dépression qui lui faisait penser au suicide, on dit qu’il eut une autre vision qui le renvoya chez lui en tremblant.
D’abord, il pensa qu’il était possédé par l’un des jinn (“esprits”) ; on disait généralement que ceux-ci possédaient les poètes arabes et les devins. Puis il pensa que ce qu’il avait vu et entendu était le suprême Allah Lui-même. Cependant, il en vint finalement à croire que ce qu’il avait vu, c’était Jibril (l’ange Gabriel), l’envoyé d’Allah, lui annonçant qu’il avait été choisi pour être le prophète de Dieu. Selon la vision, Gabriel devait aussi lui révéler le Coran, la parole d’Allah. Les révélations vinrent avec une fréquence croissante à partir de ce moment-là, et Muhammad les dictait à ses scribes.
Il retint en lui-même son zèle religieux pendant trois ans après sa première révélation. Il n’avait fait que quelques convertis – quelques membres de sa famille, quelques amis proches, et ses esclaves. Les Mecquois considéraient les enseignements de Muhammad comme une menace pour leur religion. Ils disaient qu’il avait des visions et entendait des voix parce qu’il était possédé par des démons. Muhammad proclamait un seul Dieu : les Mecquois croyaient en plusieurs divinités. Il déclarait qu’il était un messager envoyé par AIIah : ils pensaient qu’il n’était qu’un devin. Il disait que Dieu lui donnait de nouvelles révélations : ils répondaient qu’il ne faisait que répéter des idées et des informations utiles pour les gens des siècles passés.
Lorsqu’il essaya d’élargir ses possibilités et de convaincre d’autres Mecquois de la validité de ses déclarations, il se heurta à une violente opposition. L’animosité de ceux-ci envers lui augmenta encore plus après la mort de sa femme bien-aimée Khadija, et de son oncle influent, Abou-Talib. La persécution devint intense. Ils l’insultèrent et se moquèrent de lui. Finalement, ils complotèrent de le tuer.
Muhammad, de nouveau dépressif, fit une autre expérience. Une nuit, selon ses déclarations, il voyagea de La Mecque à Jérusalem. Là, il vit des anges et des prophètes. Puis il s’éleva à travers les sept cieux vers le trône divin et la présence de Dieu. Les écoles d’interprétation islamiques modernes soutiennent que cette expérience de Muhammad n’était qu’une vision ou qu’un rêve. Néanmoins, la tradition islamique et la religion populaire affirment que son voyage et son ascension corporelle vers les cieux étaient réels, et non une simple vision. Pendant cette période de dépression et de persécution, il décida de quitter La Mecque. Il organisa « l’Hégire », ou « l’émigration ».
Emigration et conquête
L’Hégire se produisit au cours de l’été de l’année 622 après J.-C. Avec ses soixante disciples, le prophète quitta La Mecque et alla à Yathrib, à environ 450 kilomètres au nord. Yathrib prit plus tard le nom de Médine, la Cité. Les chefs juifs de Yathrib conseillèrent aux juifs comme aux Arabes païens d’accueillir Muhammad dans leur ville.
L’Hégire marqua l’islam comme une religion identifiable et devint le début officiel du calendrier musulman. Commençant avec l’année de l’Hégire, les musulmans mesurent le temps en utilisant les années lunaires et ajoutent A.H. (anno Hegirae ou l’année de l’Hégire). Pour Muhammad, le départ de La Mecque signala la fin d’environ treize années de persécutions et de mauvais traitements de la part des Mecquois. A Médine (Yathrib), où il avait plus de liberté pour répandre sa nouvelle religion, il devint le chef respecté et vénéré, le commandant militaire suprême, et le fondateur de génie de l’islam. Médine devint son quartier général jusqu’à sa mort qui survint dix ans après l’Hégire.
Pendant sa première année à Médine, Muhammad organisa ses disciples et planifia des tactiques. Il demandait à tous de se soumettre à Dieu comme la seule divinité et de croire en ses prophètes, en ses anges et dans le Jour du Jugement. Cette obéissance était appelée islam, un mot arabe qui signifie “soumission”. Une personne qui se soumet et abandonne sa vie à Dieu en accord avec l’islam est appelée un musulman.
Les immigrants construisirent des maisons dans leur nouvelle communauté, et les jardins et les fermes aux alentours de Médine leur procuraient suffisamment de nourriture. Mais bientôt l’énorme flux des disciples de Muhammad causa une pénurie, Ils décidèrent alors d’attaquer les caravanes mecquoises pour se ravitailler et ainsi se venger de leurs mauvais traitements. Au cours de la seconde année de l’Hégire, les musulmans attaquèrent une caravane mecquoise d’environ mille chameaux, mettant les voyageurs en déroute et prenant un énorme butin.
Muhammad vainquit les trois tribus juives de Médine, forçant l’une d’entre elles, Bani-Nader, à quitter la ville. Ainsi tout Médine passa sous son contrôle. A partir de ce moment-là, et jusqu’à sa mort, lui et ses disciples menèrent environ soixante-seize campagnes militaires contre des tribus et des villes voisines ou éloignées. Quelques-unes de ces batailles étaient destinées à convertir des peuples à l’islam, alors que d’autres visaient à obtenir de la nourriture et des biens pour la communauté musulmane de Médine. En guise de réponse, les Mecquois et d’autres tribus organisèrent plusieurs campagnes pour détruire Muhammad et ses disciples. Qoraïch, sa propre tribu, jura de détruire sa religion. Mais dans la plupart des batailles, Muhammad et ses convertis remportaient des victoires sur leurs ennemis, les massacraient, et saisissaient leurs propriétés et leurs provisions.
Vers la fin de sa vie, Muhammad put reprendre La Mecque. Triomphant, il entra dans sa ville natale avec ses armées. Il alla vers la Kaaba et détruisit toutes les idoles et les autels païens, ne préservant que la “Pierre noire”. Il déclara que la Kaaba était le lieu de pèlerinage le plus saint de l’islam et le réserva à l’adoration d’AIIah seul. Il établit le hajj, le pèlerinage musulman à la Kaaba, pour remplacer le pèlerinage païen arabe qui avait lieu à cet endroit. Muhammad vécut encore deux ans après la conquête de La Mecque. Il mourut à l’âge de soixante deux ans, le 8 juin 632 après J-C., et fut enterré à Médine.
On dit qu’une femme juive l’a empoisonné. Mohammed M. Pickthall affirme que : une juive prépara de la viande empoisonnée pour le prophète, dont il ne goûta qu’un morceau sans l’avaler, puis il prévint ses camarades qu’elle était empoisonnée. Un musulman, qui en avait déjà avalé une bouchée, mourut immédiatement, et le prophète lui-même, en la goûtant à peine, contracta une maladie qui finalement causa sa mort (1961: XXIII).
De nos jours, après la visite de la Kaaba à La Mecque, les pèlerins musulmans vont à Médine pour présenter leurs respects à Muhammad sur sa tombe.
Après sa mort, sa position de leader fut occupée par une longue lignée de califes. Calife est un mot arabe qui signifie “député” ou “successeur”. Dans un sens plus large, ce terme fait référence à l’humanité en tant qu’agents de Dieu sur la terre. Mais au niveau du titre, il signifie successeur de Muhammad en tant que chef religieux et politique de la communauté de l’islam. Beaucoup de califes, dont les quatre premiers qui arrivèrent au pouvoir, eurent une mort violente.
Le tableau suivant résume les premiers développements de l’islam lors du séjour de Muhammad à La Mecque, puis à Médine. Remarquez les changements qui se produisirent.
Période à la Mecque | Période à Médine | |
Le Coran | 1 – Se réfère en grande partie à l’information biblique; déclare qu’il est venu pour confirmer la Bible (Coran 35: 31) ;
affirme que c’est l’interprétation arabe de la Bible (Coran 10:37).
2 – Utilise le style poétique et rythmique; la rime domine. Les vers sont courts, émouvants et imagés. |
1 – Se réfère en grande partie à la culture arabe, aux événements dans la communauté musulmane, et aux expériences personnelles de Muhammad.
2 – Utilise la prose. La rime et le rythme sont moins courants. Les vers sont longs, peu émouvants et empreints de peu d’imagination. |
L’appel islamique à se soumettre à AIIah | 1 – Est un mouvement spirituel,
2 – Se préoccupe de religion. 3 – Utilise le plus souvent le terme “Le Miséricordieux” pour Dieu. 4 – Met l’accent sur des commandements pratiques. 5 – Se préoccupe de la réforme du vieux statu quo. 6 -Voit l’islam comme un ensemble de croyances qui doivent être acceptées. 7 – Utilise le terme biblique pour lsraël, « Les enfants d’Israël ». |
1 – Est un mouvement politique.
2 – Se préoccupe de l’Etat. 3 – Utilise le plus souvent le nom d’ « Allah » pour Dieu. 4 – Met l’accent sur les arguments philosophiques. 5 – Se préoccupe de l’établissement de la nouvelle religion qui ne fait qu’un avec l’Etat. 6 – Voit l’islam comme un en-semble de lois aux-quelles il faut obéir. 7 – Utilise le terme “juifs” pour lsraël comme un terme de mépris. |
Muhammad | 1 – Est un ascète.
2 – Est un messager pour les Arabes. 3 – Se dispute avec les païens. 4 – Appelle les gens avec bienveillance à se convertir à l’islam.
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1 – Apprécie les bonnes choses de la vie.
2 – Est un messager pour les Arabes aussi bien que pour les autres. 3 – Se dispute avec “les gens du Livre” (juifs et chrétiens). 4 – Mène les guerres pour obtenir du butin et soumettre les peuples à l’islam. |
En tant qu’homme et fondateur d’une nouvelle religion, la personne de Muhammad présente plusieurs contrastes. Il avait de nombreuses qualités d’un grand leader et d’un homme d’État. Il défendait souvent la cause du pauvre, de la veuve, et de l’orphelin. Il mit en place beaucoup de réformes sociales en faveur des Arabes. Lune de ses importantes réalisations fut d’interdire la coutume païenne arabe de tuer les bébés de sexe féminin. Mais il y a un autre aspect à sa vie personnelle et à sa carrière publique.
Il était souvent vicieux et cruel. L’histoire islamique comprend plusieurs récits qui racontent sa revanche contre ses ennemis. Parfois des familles et même des tribus entières furent anéanties. Des atrocités étaient commises même quand il y avait peu de provocation. Muhammad rejetait la critique de ses actes. La défense musulmane ici est que, quoiqu’il fît, cela était juste et bien, car il était le prophète.
Après sa mort, il se produisit un important phénomène qui montra que beaucoup de ses convertis n’étaient pas vraiment convaincus de ses revendications. Plusieurs tribus qui avaient été contraintes d’adopter l’islam durant sa vie retournèrent à leur ancienne religion.
Finalement, elles avaient été obligées de rester musulmanes par le tranchant de l’épée. Cela se passa dans une série de batailles qui sont encore connues comme les “Guerres de retour”.
Comme d’autres êtres humains, Muhammad pécha et fit des erreurs. Plusieurs versets dans le Coran indiquent qu’il avait besoin de pardon pour des choses qu’il avait faites. Par exemple, on lui demanda d’invoquer le pardon d’AIIah (Coran 40: 55; 47:19; 48:1,2). En se basant sur le Coran 80:111, la tradition musulmane dit qu’un mendiant aveugle vint à Muhammad dans le besoin, mais ce dernier le repoussa. Allah le réprimanda. A côté de son besoin de pardon, le Coran indique en fait qu’il était sujet à des pensées et des influences sataniques (Coran 7 :200, 201 ; 113:1-5; et 114:1-6). Il avait des rencontres et des relations avec des jinn.
Muhammad ne fit jamais de miracle. A ceux qui demandaient continuellement un signe miraculeux pour prouver qu’Allah l’avait délégué, il répondait qu’il n’était pas envoyé pour faire des signes, mais que son cadeau qui était le Coran était son miracle (Coran 17: 59, 90-94; 29: 50). Les musulmans croient que le Coran est le plus grand des miracles.