Une aberration ayant cours dans certains milieux est que Jésus, pour expier nos péchés, devait mourir « spirituellement », sa mort physique n’étant pas suffisante. Selon E.W. Kenyon par exemple, la véritable œuvre rédemptrice de Christ était donc « Sa mort spirituelle » et « sa résurrection spirituelle », et non pas son agonie, ses souffrances sur la croix et sa résurrection corporelle. Son sang versé n’avait pas plus de puissance pour expier et purifier que celui de n’importe qui d’autre. Toujours selon E.W. Kenyon : « Si la mort physique de Jésus pouvait payer le prix, alors chaque homme aurait pu mourir pour lui-même. En fait, le péché se situe dans le domaine spirituel. Sa mort physique n’était qu’un moyen pour atteindre un but. Et ce but était sa mort spirituelle et ses souffrances en enfer ».[1]
L’importance de la mort spirituelle de Jésus sur la croix est prêchée par la plupart des responsables du « mouvement de la foi ». Kenneth Hagin, lui aussi, enseigne que ce n’est pas la mort physique de Christ qui ôte le péché, mais plutôt sa mort spirituelle et ses souffrances en enfer.[2] Quel blasphème !
Alors que l’importance du sang de Jésus est fondamental et indiscutablement établi dans la Bible, les propagateurs de la doctrine de la foi se permettent d’enseigner d’une manière très subtile que « la mort physique » de Christ seule ne peut pas sauver. Les Ecritures déclarent pourtant à maintes reprises que Jésus a offert son corps en sacrifice pour nos péchés et qu’il a été mis à mort quant à la chair. En d’autres termes, selon la Bible, Jésus est mort physiquement et non spirituellement. D’ailleurs, nulle part dans la Parole de Dieu, il nous est dit que Jésus est mort spirituellement. Par contre, elle affirme que « Christ a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pi 2 : 24); qu’il a « souffert dans la chair » (1 Pi 4 : 1) ; que Christ « nous a maintenant réconciliés par sa mort dans le corps de sa chair » (Col 1 : 21); que « c’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ » (Hb 10 : 10).
Tous les auteurs du Nouveau Testament attestent que c’est la mort physique de Jésus qui expie le péché et rachète l’homme de la perdition éternelle. Le sacrifice expiatoire de Jésus a été un acte physique, comprenant l’effusion de son sang lors de sa crucifixion. L’auteur de l’Epître aux Hébreux, par exemple, enseigne que tout le système lévitique est exprimé par cette déclaration que « presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et que sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Hb 9 : 22). Dieu est esprit et ne peut donc pas mourir spirituellement, sinon il ne serait pas Dieu.
Si nous voulons réaliser l’extrême gravité de cette erreur, nous devons aussi chercher à comprendre ce que ces leaders veulent dire lorsqu’il parle de la « mort spirituelle de Jésus ». Kenneth Hagin nous dévoile sa pensée en disant : « La mort spirituelle signifie séparation d’avec Dieu, mais plus que cela, c’est aussi recevoir la nature de Satan ».[3] Kenneth Copeland dit : « Jésus a accepté la nature de péché de Satan dans son esprit au moment où il cria : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »[4] Hagin dit encore : « Au moment où Adam et Eve ont écouté le diable, celui-ci est devenu leur père spirituel et ils reçurent la nature de Satan dans leur esprit. C’est cela la mort spirituelle. Depuis la chute d’Adam, l’homme est uni au diable ».[5] Ainsi, il est évident que d’après ces prédicateurs, Jésus aurait souffert la même mort spirituelle qu’Adam. Sa nature aurait radicalement changé et serait devenue satanique sur la croix. Quelle séduction et quelle hérésie !
Sous le couvert de « révélation », tout cela n’est évidement qu’une invention et une illusion dangereuse, sans aucun fondement biblique. La Bible ne fait pas mention des souffrances spirituelles de Jésus ou de son changement radical de nature sur la croix. L’apôtre Paul certifie que Jésus, existant éternellement en tant que Dieu, est entré dans l’histoire humaine comme simple homme il est vrai, mais qu’il n’a jamais délaissé ou perdu sa divinité, ni sur la terre, ni sur la croix (Phil 2 : 7 ; Mt 1 : 23, Jn 8 : 58; Rm 9 : 5 ; 1 Jn 5 : 20).
Lorsque l’apôtre Paul parle de l’humilité de Jésus dans Philippiens 2 : 8, et de son extrême abaissement, il indique les limites de cette humiliation par la phrase « obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix ». Il ne lui est jamais venu à l’esprit de dire « obéissant jusqu’à sa mort spirituelle ». Affirmer cela aurait été tordre les Ecritures. Une telle spéculation hasardeuse et dangereuse ouvre la porte à toutes les hérésies.
Bien que les responsables de ce genre de mouvements croient en la mort de Jésus sur la croix, ils affirment aussi que cette mort n’est pas suffisante pour nous sauver, et qu’il faut que Jésus souffre encore en enfer pour compléter son oeuvre rédemptrice. Kenneth Copeland va encore plus loin ; il va jusqu’à renier l’efficacité du sang de Jésus pour nous sauver en déclarant : « Quand Jésus versa son sang, celui-ci ne pouvait nous sauver….».[6] Où trouvons-nous de telles déclarations dans la Bible ? Ne sont-elles pas extrêmement dangereuses et hérétiques et ne détruisent-elles pas le fondement même de notre salut ? N’est-ce pas pour notre instruction que les Ecritures déclarent à maintes reprises que nous avons été rachetés par le sang précieux de Christ (Rm 5 : 9 ; Hb13 : 11-20 ; 1 Pi 1 : 18-19, etc.). Elles ne parlent jamais de ses souffrances salvatrices en enfer. Par conséquent, dire que notre rédemption est réalisée par un autre moyen, c’est « renier le sacrifice de Jésus sur la croix et la puissance de son sang ». C’est donc prêcher « un autre évangile » qui ne peut sauver. « Je vous rappelle frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé, autrement, vous auriez cru en vain » (1 Co 15 : 1-20). Quel solennel avertissement !
Les paroles de Jésus sur la croix : « Tout est accompli » (Jn 19 : 29-30) attestent que c’est à ce moment-là que le salut de l’homme a été parfaitement et définitivement achevé. Il n’y a plus rien à ajouter, plus rien à retrancher. Ainsi, ces trois mots « Tout est accompli » condamnent une fois pour toutes cette doctrine pernicieuse selon laquelle Jésus devait encore souffrir en enfer pour nous sauver.
Notes :
[1] E. W. Kenyon, Hidden Man (L’Homme créé), p. 47
[2] K. Hagin, How Jesus Obtain His Name (Comment Jésus obtint son nom), Cassette 44 H 01
[3] K. Hagin, The Name of Jesus (Le nom de Jésus), p. 31
[4] K. Copeland, What Happened from the Cross to the Throne (Que ce passa-t-il de la Croix au Trône)
[5] K. Hagin, The New Birth (La nouvelle naissance), p. 10
[6] K. Copeland, Personal Letter (Lettre personnelle), 12 mars 1979