Déjà vers l’âge de 10 ans, je m’amusais à dessiner mon amertume. Je le faisais sur mes bras et exprimais ainsi ma révolte face à la vie tout comme ma soif inextinguible de liberté. Peu à peu, l’envie grandit en moi de me tatouer. Pour moi, c’était une manière d’imprimer ma vision de la vie, de façon indélébile, sur ma peau.
J’admirais les hommes tatoués car, à mes yeux, ils étaient pleinement libres – libres de faire ce qu’ils voulaient, où ils voulaient, quand ils voulaient. A l’âge de 17 ans, je suis passé à l’acte. Je désirais faire tatouer tout mon corps et gagner ma vie en tatouant les autres. Pour moi, c’était devenu une idée fixe.
Certains de ces tatouages exprimaient mon rejet du système familial et judiciaire, car toute ma vie ressemblait alors à un véritable enfer ; amertume, haine, désirs de vengeance et révolte face à la société et à l’injustice, je me sentais exclu, rejeté par mes proches, même par mes camarades d’école. J’avais des copains… mais peu.
D’une certaine façon, il fallait que je prouve à mon entourage que j’étais quelqu’un ; je ne voulais pas passer pour un nul. Un jour, je m’étais tatoué un poignard de la vengeance en jurant de tuer quelqu’un qui m’avait blessé profondément ! Peu de temps après ma rencontre avec Jésus, j’ai prié pour demander pardon à Dieu de m’être réservé le droit de la vengeance.
Grâce à ces marques, je voulais également démontrer que j’appartenais à une certaine couche de la société que j’admirais : les marginaux.
Pourtant, cinq ans plus tard, j’ai dû me rendre à l’évidence : les tatouages ne m’avaient pas donné la liberté ; bien contraire, ils n’étaient que les marques de mes mauvais choix (haine, vengeance, crainte, etc.).
Matthieu Nugues