La Bible : en avance sur les règles d’urbanisme

« Ordonne aux fils d’Israël de donner aux Lévites, sur leur part de leurs possessions, des villes pour y habiter outre un espace ouvert autour de ces villes, vous en donnerez aux Lévites. Les villes leur serviront pour l’habitation et leur espace ouvert sera pour leurs animaux et pour leurs biens et pour tout ce qui est vital. » (Nombres 35 :2-3)

En fait, il n’était permis ni de construire des maisons, ni de planter des vignes, ni de semer des produits agricoles pour créer une « ceinture verte » autour de la ville.

Certains traducteurs (comme Rachi) traduisent ainsi : « Un espace ouvert autour de ces villes ». Le mot « migrach » (traduit par espace ouvert) désigne une parcelle de terre située hors et autour de la ville et destinée à son embellissement.

L’ordre donné d’établir une ceinture verte autour des villes concerne les villes des Lévites. Toutefois, Maimonide, dans Michné Torah, rapporte que l’espace vert autour des agglomérations ne concerne pas seulement les villes des Lévites mais s’applique à « toutes les villes d’Israël »[1]. Les villes des Lévites servent donc de modèle pour l’urbanisation de toutes les cités d’Israël.

Selon le plan d’aménagement des villes prôné par la Bible, les citadins ont droit à une ceinture verte.

Dans le verset 35 :4, il est écrit que la largeur de la ceinture verte doit être de « mille coudées » ; cependant, dans le verset suivant, il est statué que cette largeur doit être de « deux mille coudées ». Comment comprendre cette contradiction ?

Dans son commentaire sur le verset 35 :4, Rachi explique que la ceinture verte fait en tout deux mille coudées et qu’elle est divisée en deux cercles. Le premier verset fait référence au cercle intérieur. Rachi écrit : « Mille à l’intérieur pour l’espace ouvert (pour la beauté) et les mille extérieurs pour les champs et les vignobles (agriculture). » Il en résulte que, non seulement les citadins ont une connexion avec la nature mais ont aussi la possibilité de pratiquer l’agriculture !

La Bible se positionne en « respect de l’environnement » car, même dans le cas où un promoteur souhaiterait acquérir tout ou partie de la « ceinture verte », « l’espace ouvert aux abords de leurs villes ne peut être vendu ; elle est leur propriété inaliénable » (Lévitique 25 :34).

Lorsque la population s’agrandit, de nouvelles villes doivent être édifiées dans des sites qui n’avaient jamais été utilisés dans un but agricole. Une ville ne peut donc pas s’étendre aux dépens de la ceinture verte. Le Rabbin Samson Raphaël Hirsch, dans son commentaire sur ce verset, explique que les lois bibliques sur l’urbanisme sont destinées à empêcher le développement d’énormes cités. Il écrit :

« Ces lois semblent être conçues pour […] empêcher que les villes ne croissent trop et deviennent des métropoles détachées de la campagne. Les cités déjà existantes ne doivent pas s’étendre au-delà de leurs limites au détriment des champs…Lorsque la population s’agrandit, de nouvelles villes doivent être édifiées dans des sites qui n’avaient jamais été utilisés dans un but agricole. »

Les villes servent de centres économique, culturel et spirituel ; néanmoins, du point de vue holistique de la Bible, les cités doivent permettre à leurs habitants d’être en relation avec la nature.

Les lois mentionnées ci-dessus s’appliquent à toutes les villes d’Israël. Pourquoi donc la Torah met l’accent sur les villes des Lévites, quand elle discute de ces lois écologiques ?

Avant de répondre à cette question, il faut se rappeler qu’il y a douze tribus d’Israël et que les membres de la tribu de Levi (y compris les Kohanim, les descendants d’Aaron) se virent confiés la charge d’être les maîtres et les guides spirituels de toute la nation. Ils n’obtinrent pas de portion de la Terre d’Israël ; au lieu de cela, ils demeuraient dans des villes séparées qui devaient servir de centres bibliques. On trouve une mention de leur rôle spécial dans la bénédiction que Moïse donna à la tribu de Lévi devant la nation qui s’apprêtait à entrer dans la Terre promise : « Ils enseignent Tes lois à Jacob et Ta Parole à Israël. » (Deutéronome 33 :10)

Il nous est maintenant loisible de comprendre pourquoi la Parole de Dieu met en valeur les villes des Lévites. En tant que centres bibliques de référence spirituelle pour tout le peuple, ces villes devaient servir de modèles des enseignements divins.

Sur ce point encore, nous voyons que la Bible, depuis son origine, intègre ce que l’homme a « redécouvert » par la force des choses et pour sa survit… Le respect d’un équilibre entre la nature et le produit de la société…


[1] Zeraïm, Hilkhot Chemita veYovel 13 :5

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