« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, voici la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Es. 7:14). Le mot Emmanuel signifie : Dieu avec nous.
« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule ; on l’appellera ADMIRABLE, Conseiller, DIEU PUISSANT, Père d’éternité, Prince de la Paix » (Es. 9:5)
Deux remarques, a propos de ce texte s’imposent. Le titre d’ADMIRABLE ou de Merveilleux, quelquefois traduit par mystère, mystérieux (en hébreu pèlèh), est celui-lâ même que s’attribue l’Ange de l’Eternel en Juges 13:18. Or cet Ange s’identifie avec Dieu au verset 22 du même chapitre.
L’expression DIEU PUISSANT (en hébreu el-gibbor) se retrouve en Esaïe 10:21 où elle désigne indubitablement l’Eternel. La bible traduite par les membres du rabbinat français sous la conduite de M Zadoc Khan traduit toutefois la première expression par héros divin, alors que d’autres traductions juives, plus fidèles, rendent cette expression ainsi:
- Dieu puissant (Traduction par S. Cahen, de 1831 à 1851
- Dieu fort (starker Gott)(Traduction allemandes)
- Dieu héroïque (heldischer Gott) (Traduction allemande)
De plus, établir une distinction entre l’expression Dieu puissant et Dieu tout-puissant, comme le font les Témoins de Jéhovah, ne peut se justifier. On rencontre en effet, le qualificatif de Puissant seul, appliqué à l’Eternel, non seulement en Esaïe 10:21, mais encore en Genèse 49 :24, Esaïe 60:16.
« Ton trône, ô Dieu, est à toujours; le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité. Tu aimes la justice et tu hais la méchanceté; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie, par privilège sur tes collègues »
(Ps. 45:7, 8).
La traduction de ce verset diverge selon les traducteurs. Le texte hébreu se traduit littéralement ainsi:
La bible traduite par les membres du rabbinat français sous la conduite de M Zadoc Khan rend ce texte ainsi: « Ton trône (fondé par) Dieu, durera a jamais ». Cette même extrapolation se rencontre chez les traductions allemandes et la traduction des Témoins de Jehovah[1].
Cependant, plusieurs autres traducteurs juifs le traduisent correctement par :
- Ton trône, ô Dieu
- Ton trône divin
La version des Septante, avec le Nouveau Testament qui la cite (Hébr. 1:8) met: ho tronos sou ho theos, c’est-à-dire: le trône de toi, ô Dieu. Ce qui parle en faveur de cette manière de traduire, c’est qu’on trouve une tournure analogue au Ps. 146:10 : « Ton Dieu, ô Sion! subsiste d’âge en âge ».
Aucun traducteur ne se permettrait d’intercaler un mot entre les deux premiers substantifs ! La traduction correcte est donc: « Ton trône, ô Dieu ». Et en ce Dieu, le Targum[2] a bien vu le Messie.
Mais les théologiens libéraux, gênés par la présence du mot Elohim dans notre texte, avancent une hypothèse aussi gratuite que fantaisiste, et dont ils ne possèdent pas le moindre élément de démonstration. Pour eux, Elohim aurait été une mauvaise transcription du mot Yahvé, lui-même dû à une altération du mot yihyeh (il subsiste). Si l’on sait l’application des scribes juifs dans la transcription des Saintes Ecritures — et en particulier du nom de Dieu — on se rend facilement compte de la gratuité de cette hypothèse.
« Il se présentera, et il gouvernera avec la force de l’Eternel, avec la majesté du nom de l’Eternel, son Dieu » (Mich. 5:3).
La traduction des Septante rend ce verset de la manière suivante:
« Et le Seigneur se présentera et verra et paîtra son troupeau avec puissance, et ils demeureront dans la gloire du nom du Seigneur leur Dieu. »
« Un rédempteur viendra pour Sion… Et tu sauras que je suis l’Eternel, ton Sauveur, ton Rédempteur, le puissant de Jacob… Dites à ceux qui ont le coeur troublé: Prenez courage, ne craignez point; voici VOTRE DIEU, la vengeance viendra, la rétribution de Dieu; Il viendra LUI-MÊME et vous sauvera » (Es. 59:20; 60:16; 35:4).
« …Il n’y a point d’autre Dieu que moi, je suis le seul Dieu juste et qui sauve » (Es. 45:21).
Or Yeschoua (Jésus)[3] signifie: « Dieu sauve ! » Un Messie exclusivement humain ne saurait sauver, fut-il le plus grand des hommes. Le Psalmiste l’affirme :
« Ne vous confiez pas aux grands, aux fils de l’homme qui ne peuvent sauver » (Ps. 146:3).
« …et ils tourneront les regards vers MOI, celui qu’ils ont percé… » (Zc 12 :10).
Ce texte invoqué par l’apôtre Jean (Jean 19:37) y désigne le Messie crucifié. Or le texte de Zacharie identifie le percé à l’Eternel (voir verset 1). C’est pourquoi les traductions juives de ce passage ne sont pas unanimes.
« et ils porteront les regards vers moi â cause de celui qui aura été percé de leurs coups. » (La bible traduite par les membres du rabbinat français sous la conduite de M Zadoc Khan.)
« et ils regarderont sur moi â cause de celui qu’ils ont percé. » (Toutefois, S. Cahen note dans ses commentaires concernant ce verset: Hitzig dit que Dieu qui envoie est ici identifié avec son envoyé.)
« et ils regarderont vers moi, avec celui qu’ils ont percé » (traduction allemande).
« ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont poignardé ils s’en lamenteront alors » (Traduction allemande).
« ils regarderont vers moi (près de celui) qu’ils ont percé » (traduction allemande).
« ils regarderont vers moi pour chacun qu’ils ont percé » (Traduction allemande).
« et ils regarderont certainement sur celui qu’ils ont transpercé. » (Traduction des Témoins de Jehovah, The New World Translation of the Holy Scriptures, 1961.)
« et ils regarderont vers moi parce qu’ils (m’) ont percé. » (Traduction dite des Septante)
En fait, le texte hébreu littéralement traduit donne:
ils verront – vers moi – (part. de l’Acc.) – lequel – ils ont percé
Ce texte prophétique identifie indubitablement l’Eternel avec son Messie.
Lorsqu’Ezéchiel voit la nouvelle Jérusalem, un « homme » lui dit (Ez. 43:6 et 7):
« C’est ici le lieu de mon trône, le lieu où je poserai la plante de mes pieds; j’y habiterai éternellement au milieu des enfants d’Israël. »
Or Jérémie nous apprend (Jér. 3:17) qu’on appellera Jérusalem le trône de l’ETERNEL. Ce rapprochement n’identifie-t-il pas aussi cet « homme » avec l’Eternel ?
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Notes :
[1] The New World Translation of the Holy Scriptures, 1961.
[2] Le targum (les targumim) est une traduction paraphrasée du Tanach en araméen. Le Tanach est le nom hébreu de l’Ancien Testament ou Première Alliance.
[3] Le nom de Yeschoua transparaît en de nombreux endroits du Tanach. Voir en particulier Ps. 88:20; Es. 28:1, 49:8, 52 :10. 58 :1