Les sept années de famine annoncées par Joseph

Dans le chapitre 41 du livre de la Genèse, le récit du songe du pharaon expliqué par Joseph, jeune esclave hébreu, montre comment Dieu a sauvé tout un peuple par son serviteur. Ce passage fait parti de ceux qui sont régulièrement considérés par les détracteurs de la Parole de Dieu comme infondés et surtout sans aucune valeur puisque non vérifiables… Or, comme bien d’autres, des découvertes archéologiques mettent au jour des informations qui viennent contredire un tel raisonnement…

A Louxor[1], l’égyptologue Brugsch-Bey[2] a mis à jour une vieille inscription sur un bloc de granit de 2,5 m de haut et de 3 m de large avec une étonnante inscription relatant une sécheresse de sept années qui fut prédite par un songe donné au pharaon et interprété par un vizir[3]. Cette stèle, appelée « Stèle de la famine » ou « Inscription de Séhel[4] », raconte[5] que le Nil a cessé pendant sept années consécutives d’inonder ses rivages causant par là une effroyable famine dans tout le pays. Le mot à mot des causes ayant provoqué la sécheresse sont les effets attribués au dieu « Khnoum » qui, selon la mythologie égyptienne, détenait en son pouvoir le débit des sources du Nil à Eléphantine[6].

 

Plusieurs éléments permettent de dater assez précisément la stèle et donc les évènements qui y sont relatés…

 

  • Le texte situe les événement sous le règne du roi Djéser qui régna sur l’Egypte aux alentours de 2 630 à 2 610 avant JC.
  • Imhotep est présenté comme grand-prêtre du temple de Rê d’Héliopolis et le « premier après le roi », ce qui en fait le second personnage de l’Etat. Vizir et architecte du roi Djéser, on le dit également médecin et philosophe. Sur le socle d’une statue du roi Djéser[7], il est présenté comme «  Le chancelier du roi de Basse-Égypte[8], le premier après le roi de Haute-Égypte, administrateur du grand palais, noble héréditaire, grand prêtre d’Héliopolis, Imhotep, le constructeur, le sculpteur. »

 

Comparons maintenant les écrits égyptiens[10] et les textes bibliques :

Texte de la Stèle de la famine

Texte biblique

L’inscription commence par la grande détresse du pharaon : « J’ai été en difficulté sur le Grand Trône… » C’est par le rêve que le roi est averti de la future famine. Le matin, Pharaon eut l’esprit agité, et il fit appeler tous les magiciens et tous les sages de l’Égypte. Il leur raconta ses songes. Mais personne ne put les expliquer à Pharaon. (Gn 41 : 8)
Le roi s’adresse à son ministre Imhotep pour connaître les causes de la sécheresse. Pharaon fit appeler Joseph. On le fit sortir en hâte de prison. Il se rasa[11], changea de vêtements, et se rendit vers Pharaon. (Gn 41 : 14)
Le pharaon est préoccupé au sujet de la famine et Imhotep, qui demande le dieu du Nil, pour qu’il puisse s’approcher de lui à propos de la sécheresse : « …Je lui ai demandé qui était le Chancelier, … Imhotep, fils de Ptah. Quel est le berceau du Nil ? Qui est le dieu là bas ? Qui est le dieu ? » Imhotep répond : « J’ai besoin de la direction de celui qui préside la xxx[12]… » Joseph répondit à Pharaon, en disant: Ce n’est pas moi! c’est Dieu qui donnera une réponse favorable à Pharaon. (Gn 41 : 16)
Imhotep réponds au Pharaon au sujet du Dieu du Nil et lui dit où il vit et lui révèle dans un rêve la promesse que le Nil allait couler fort et que le pays serait abondant pendant sept ans, mais après seraient sept années de sécheresse. Voici, il y aura sept années de grande abondance dans tout le pays d’Égypte. Sept années de famine viendront après elles; et l’on oubliera toute cette abondance au pays d’Égypte, et la famine consumera le pays. (Gn 41 : 29 et 30)
L’inscription déclare l’engagement de Djéser au dieu du Nil, Khnoum[13], selon lequel les gens devaient être taxées 1/5ème de tout, sauf pour les prêtres de la « maison du dieu », qui seraient exemptés. Joseph fit de cela une loi, qui a subsisté jusqu’à ce jour, et d’après laquelle un cinquième du revenu des terres de l’Égypte appartient à Pharaon; il n’y a que les terres des prêtres qui ne soient point à Pharaon. (Gn 41 : 26)

Ainsi, il est très simple de faire la corrélation : Le Pharaon du temps de Joseph dont parle la Bible est Djéser[14]. Par ailleurs, il existe des bas reliefs qui représentent une scène de circoncision qui est située sur la pyramide à étage, la première pyramide historique de la planète[15], située à Saqqarah[16], et édifiée sous le règne de Djéser. Or, la circoncision fut prescrite à l’arrière grand père de Joseph, Abraham (Gn 17 : 13) ; et pour que celle-ci figure sur des bas reliefs, il fallait qu’elle soit reconnue par les dignitaires égyptiens.

 

De plus, juste à côté de la pyramide des degrés sur laquelle se trouve la fresque de la circoncision, on trouve une zone de stockage de céréales, comme celles qui furent édifiées par Joseph pour recevoir le cinquième de la surproduction des sept années « grasses » précédant la famine.

 

Une étymologie de Imhotep lui donne le sens de « La voix du dieu Im », Im voulant dire « Être », « Celui qui est »… Or, c’est ainsi que Dieu se fait connaître à Moïse lors du dialogue près du buisson ardent (Ex 3 : 14), comme pour lui rappeler que celui qui parle est bien le même que celui qui a conduit et inspiré Joseph, son ancêtre. De plus, une étymologie égyptienne donne le sens de « la voix du Dieu vivant » au nouveau nom donné à Joseph par le pharaon, Tsaphnath–Paenéach (Gn 41 : 45).

 

C’est Imhotep qui généralise l’utilisation de la pierre comme matériau de construction des temples et tombeaux funéraires alors qu’ils étaient faits auparavant de briques de terre cuite. Il est aussi le premier à utiliser des colonnes dans l’architecture. Il innove architecturalement avec l’invention de la pyramide à degrés comme tombeau du roi[17].

 

Ayant tout pouvoir sur l’ensemble de l’Egypte et étant identifié à un divinateur grâce à son Dieu, il parait évident que Joseph serait marié à une lignée de prêtres : il est marié à la fille d’un prêtre Egyptien d’On, Poti-phéra, dont la fille s’appelle Asnath[18] (Gn 41 : 45). Cette position lui permet de réformer la religion égyptienne et de proposer de grandes avancées en médecine[19].

 

La culture égyptienne a gardé l’enseignement de Joseph puisque YHVH, le Dieu de Joseph était appelé Ptah par les Egyptiens. Ptah est le dieu créateur par excellence : il est considéré comme le démiurge[21] qui a existé avant toute chose et qui par sa volonté a pensé le monde. Il l’a d’abord conçu par la Pensée puis réalisé par le Verbe : « Ptah conçoit le monde par la pensée de son cœur et lui donne la vie par la magie de son Verbe »[22]. Ce que Ptah a ordonné a été créé ; en lui, les constituants de la nature, faune et flore, sont contenus. Il joue également un rôle dans la préservation de l’univers et la permanence de la fonction royale.

 

Par ailleurs, on retrouve des mentions ou des citations de Imhotep dans presque tous les temples qui jalonnent l’histoire de l’Egypte antique.  Il est même fortement supposé que les enseignements d’Imhotep ont influencé le réveil spirituel vécut par Akhénaton[23].

 

Nous constatons que l’archéologie permet une nouvelle fois de confirmer les textes de la Parole de Dieu, voire d’envisager l’impact de la culture biblique sur le monde : les fameuses pyramides d’Egypte ont été tracées et initialement construites par Joseph et les siens… Mais on comprend ces mots « jusqu’à ce que parut un autre roi, qui n‘avait pas connu Joseph » (Ex 1 : 8, Ac 7 : 18) : l’impact de Joseph (Imhotep) fut tel et les changements si profonds et radicaux, surtout pour le clergé, que le seul moyen pour le pharaon de retrouver son pouvoir « de droit divin » était de réduire voire détruire les descendants de ce Imhotep[24].

 

De même nous comprenons la perception de Moïse qui connaissait l’histoire du peuple égyptien à ces mots de Dieu : « Je suis celui qui est ». Dieu lui propose de devenir « la voix du Vivant » comme Joseph le fut pour le salut de tout un peuple !

POUR EN CONNAÎTRE PLUS :

NOTES

[1] Il s’agit de l’antique cité égyptienne de Thèbes, à ne pas confondre avec le Temple de Louxor.

[2] Heinrich Karl Brugsch (1827 –1894) fut un grand égyptologue allemand qui fut directeur de l’Ecole d’Egyptologie du Caire. Il reçut le titre de Bey (titre turc désignant à l’origine un « chef de clan ») puis de Pacha (définit un office de haut rang dans le système politique de l’Empire ottoman. Ce titre était typiquement accordé aux gouverneurs de provinces et aux généraux) par le gouvernement égyptien pour ses services aux musées de Boulaq et du Caire.

[3] Dans son livre L’Egypte sous les Pharaons, Brugsch mentionne une autre inscription qu’il appelle une « confirmation très remarquable et lumineuse » de la famine de sept années de Joseph. Dans la tombe creusée dans le roc de la famille d’un certain Baba, gouverneur de la ville de El-Kab au sud de Thèbes, fondée sous la 17ème dynastie, contemporaine de la 16ème dynastie du nord, sous laquelle Joseph gouverna, il y a une inscription dans laquelle Baba affirme avoir fait pour sa ville ce que la Bible dit que Joseph fit pour toute l’Egypte. « Je rassemblai du grain, comme un ami du dieu de la moisson, et quand une famine arriva, qui dura de nombreuses années, je distribuai le grain à la ville, chaque année que dura la famine. » Brugsch ajoute : « Etant donné que les famines sont extrêmement rares en Egypte et que Baba vécut environ à la même époque que Joseph, il ne reste qu’une seule déduction plausible : les nombreuses années de famine aux jours de Baba sont les sept années de famine sous Joseph. »

[4] Séhel est une île qui se situe sur le cours du Nil qui y a sculpté de vastes amoncellement de rochers.

[5] Cette mention des sept années de famine a été réinscrite ultérieurement dans les deux temples d’Edfou (ville de Haute-Égypte, située sur la rive ouest du Nil dans une région particulièrement riche en blé, au débouché des pistes caravanières venant du désert et des mines d’or de Nubie) et de Dendérah (petite ville d’Égypte sur la rive ouest du Nil).

[6] Figurent également sur cette stèle la topographie des chutes, la liste des divinités de la Basse Epoque (période de l’histoire de l’Égypte antique allant des environs de -750 à –30), des types de pierres et des minéraux. Le pharaon grec fait mention d’une offrande offerte aux dieux d’Eléphantine…

[7] Aujourd’hui au musée du Caire.

[8] L’Égypte se définit essentiellement par rapport au Nil. La Basse-Égypte est donc « basse » par référence au sens de l’écoulement du fleuve (du sud, plus haut, vers le nord, en aval) et donc à son altitude. Son relief est également peu accusé. C’est la partie la plus au nord de l’Égypte, depuis la Méditerranée, avec le delta du Nil, jusqu’à la région du Fayoum avec Le Caire.

[10] Le texte est remanié à l’avantage du Roi et surtout de la mythologie égyptienne.

[11] Imhotep est toujours représenté rasé.

[12] Mot inconnu.

[13] Ce dieu est présenté comme le Dieu créateur de l’Univers, celui qui forma l’homme à partir de l’argile du sol et lui insuffla le souffle de vie.

[14] Les autres noms de ce pharaon sont Zoser, Dsr, Horus-Netjerikhet, Horus-Netjerichet, Tosorthros ou Sesorthos, Nebu ou Bik-Nebou.

[15] Il s’agit de la pyramide à degrés de Djéser qui est dans l’histoire de l’architecture égyptienne le second ouvrage édifié en pierre de taille. Le complexe funéraire de Djéser est le premier de cette importance et le plus grand jamais construit à notre connaissance en Égypte.

[16] Saqqarah (ou Saqqara ou Sakkarah) est une vaste nécropole de la région de Memphis. Elle connut une occupation ininterrompue tout au long de l’histoire de l’Égypte antique.

[17] La première Pyramide a été construite par Imhotep, c’est à dire Joseph.

[18] Le nom de l’épouse de Imhotep est Ronpetnofret. Jacob était appelé Khanofer.

[19] Ce qui explique les similitudes entre les pratiques des égyptiens de l’époque et les pratiques hygiéniques du peuple d’Israël, comme la circoncision.

[21] Le démiurge, ou le créateur, est la déité responsable de la création de l’univers physique.

[22] À la 25ème dynastie, le pharaon nubien Chabaka fera transcrire sur une stèle un vieux document théologique trouvé dans les archives de la bibliothèque du temple du dieu à Memphis. Ce document connu depuis sous le nom de Théologie memphite (stèle est conservée depuis sa découverte au British Museum), fait du dieu Ptah, le dieu à l’origine de la création de l’univers par la Pensée et par le Verbe.

[23] On situe son règne de -1355 / -1353 à -1338 / -1337. Amenhotep (nom qu’il portait avant d’accéder au trône) revendique les enseignements d’Imhotep et de ses descendants sur plusieurs bas-reliefs (les bas-reliefs sont toutefois souvent abîmés voir totalement détruits par le clergé après la mort de ce roi qui voulut amener l’Egypte à l’adoration du seul dieu créateur de l’univers). On admet que Akhénaton fut assassiné par les religieux de son époque sous prétexte qu’il risquait de les faire disparaître.

[24] L’œuvre de cet homme fut telle que les pharaons ne pouvaient l’effacer de l’histoire : il fut déifié et intégré au panthéon égyptien …

 

2 réflexions sur “Les sept années de famine annoncées par Joseph

  1. C’est magnifique, merci ! Redécouvrir l’histoire avec la présence et la dimension biblique qu’elle a eu véritablement c’est passionnant, tout se recompose et se rejoint, tout devient cohérent !

    Par rapport à la construction des pyramides pensez-vous que Joseph ou Imhotep a utilisé des blocs de pierres pour les pyramides ou a t-il eu recours à la technologie de la géopolymérisation comme vous l’expliquez dans une vidéo ?

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    • Bonsoir,

      Joseph a bien utilisé la technique de géopolymérisation… d’ailleurs c’est même lui qui a donné cette technique à l’Egypte… Raison pour laquelle les pyramides sont construites à partir de sa promotion en tant que vizir d’Egypte !

      Salutations

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